LES MONTAGNES CÉLESTES DU HUANG SHAN
Les paysages découpés et grandioses des montagnes célestes du Huang Shan ont constitué (et constituent encore) l’un des épicentres, sinon l’épicentre, de l’art chinois. Depuis des millénaires, ils ont été immortalisés par des générations de peintres et de poètes. Fouler ces pentes mythiques était pour moi un rêve. Féru d’art asiatique, c’est l’esprit plein d’estampes, de brumes et de pics vertigineux, que je suis arrivé, un jour de février, au pied de ces montagnes sacrées.
De la brume, j’ai profité à l’envi, omniprésente et essentielle, tantôt épaisse et blanche, semblant caresser la roche, tantôt fine et grise, s’agrippant aux reliefs. Elle n’est jamais immobile, dévalant les précipices et déjouant les pentes, s’éclipsant soudain pour mieux revenir, quelques instants plus tard. Il y a quelque chose de véritablement fascinant à l’observer : c’est comme si mille paysages se faisaient et se défaisaient sous vos yeux, avec le souci de ne jamais se reproduire à l’identique.
Jamais je n’avais ressenti à ce point un paysage vivre. Le dialogue incessant entre la roche, la brume et les pins accrochés aux parois compose une symphonie naturelle qui confère au mystique, il faut bien l’avouer. Et on se surprend vite à rester des heures sur le même point de vue sans jamais avoir la sensation de vivre le même instant. Malgré la pluie qui cingle et le froid qui mord. C’est un paradoxe sublime qui s’offre alors au visiteur : la brume rend ici les masses inertes des pics et montagnes mobiles et vivantes.
On y devient vite comme abasourdi. Il y a d’abord la fatigue physique de se confronter à des milliers de marches, de gravir sans cesse des escaliers de pierre sans fin. Et puis il y a aussi cette attention permanente que l’on se doit d’accorder aux paysages et aux perspectives, que les vagues de brume modifient sans cesse, laissant apparaître un pic fugace, une ombre éphémère, un arbre furtif ou encore une paroi secrète. Le Huang Shan est à la fois magique et épuisant : il faut payer son dû à l’accession de la beauté.
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The carved and grandiose landscapes of the celestial mountains of Huang Shan have been (and still are) one of the epicenter, if not the epicenter, of Chinese art. For millennia, they have been immortalized by generations of painters and poets. Treading these mythical slopes was for me a dream. As an Asian art lover, it is the mind full of prints, mists and dizzying peaks that I arrived, one day in February, at the foot of these sacred mountains.
From the mist, I profited a lot, omnipresent and essential, sometimes thick and white, seeming to caress the rock, sometimes fine and grey, clinging to the reliefs. It is never motionless, descending the precipices and overtaking the slopes, disappearing suddenly to better return, moments later. There is something truly fascinating about observing it: it is as if a thousand landscapes were made and destroyed before your eyes, with the concern to never reproduce identical.
Never before I had felt such a living landscape. The incessant dialogue between the rock, the mist and the pines hanging from the walls composes a natural symphony that confers to the mystic, it must be admitted. And you quickly find yourself staying for hours on the same point of view without ever having the feeling of living the same moment. Despite the raging rain and the biting cold. It is a sublime paradox that is then presented to the visitor: the mist here renders the inert masses of moving and living peaks and mountains.
You can’t wait to get stunned. First there is the physical fatigue of confronting thousands of steps, of constantly climbing endless stone stairs. And then there is also this constant attention that must be paid to the landscapes and the perspectives, that the fog waves constantly modify, letting appear a fleeting peak, a ephemeral shadow, a stealth tree or even a secret wall. Huang Shan is both magical and exhausting: you have to pay your due on the accession of beauty.
Les paysages découpés et grandioses des montagnes célestes du Huang Shan ont constitué (et constituent encore) l’un des épicentres, sinon l’épicentre, de l’art chinois. Depuis des millénaires, ils ont été immortalisés par des générations de peintres et de poètes. Fouler ces pentes mythiques était pour moi un rêve. Féru d’art asiatique, c’est l’esprit plein d’estampes, de brumes et de pics vertigineux, que je suis arrivé, un jour de février, au pied de ces montagnes sacrées.
De la brume, j’ai profité à l’envi, omniprésente et essentielle, tantôt épaisse et blanche, semblant caresser la roche, tantôt fine et grise, s’agrippant aux reliefs. Elle n’est jamais immobile, dévalant les précipices et déjouant les pentes, s’éclipsant soudain pour mieux revenir, quelques instants plus tard. Il y a quelque chose de véritablement fascinant à l’observer : c’est comme si mille paysages se faisaient et se défaisaient sous vos yeux, avec le souci de ne jamais se reproduire à l’identique.
Jamais je n’avais ressenti à ce point un paysage vivre. Le dialogue incessant entre la roche, la brume et les pins accrochés aux parois compose une symphonie naturelle qui confère au mystique, il faut bien l’avouer. Et on se surprend vite à rester des heures sur le même point de vue sans jamais avoir la sensation de vivre le même instant. Malgré la pluie qui cingle et le froid qui mord. C’est un paradoxe sublime qui s’offre alors au visiteur : la brume rend ici les masses inertes des pics et montagnes mobiles et vivantes.
On y devient vite comme abasourdi. Il y a d’abord la fatigue physique de se confronter à des milliers de marches, de gravir sans cesse des escaliers de pierre sans fin. Et puis il y a aussi cette attention permanente que l’on se doit d’accorder aux paysages et aux perspectives, que les vagues de brume modifient sans cesse, laissant apparaître un pic fugace, une ombre éphémère, un arbre furtif ou encore une paroi secrète. Le Huang Shan est à la fois magique et épuisant : il faut payer son dû à l’accession de la beauté.
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The carved and grandiose landscapes of the celestial mountains of Huang Shan have been (and still are) one of the epicenter, if not the epicenter, of Chinese art. For millennia, they have been immortalized by generations of painters and poets. Treading these mythical slopes was for me a dream. As an Asian art lover, it is the mind full of prints, mists and dizzying peaks that I arrived, one day in February, at the foot of these sacred mountains.
From the mist, I profited a lot, omnipresent and essential, sometimes thick and white, seeming to caress the rock, sometimes fine and grey, clinging to the reliefs. It is never motionless, descending the precipices and overtaking the slopes, disappearing suddenly to better return, moments later. There is something truly fascinating about observing it: it is as if a thousand landscapes were made and destroyed before your eyes, with the concern to never reproduce identical.
Never before I had felt such a living landscape. The incessant dialogue between the rock, the mist and the pines hanging from the walls composes a natural symphony that confers to the mystic, it must be admitted. And you quickly find yourself staying for hours on the same point of view without ever having the feeling of living the same moment. Despite the raging rain and the biting cold. It is a sublime paradox that is then presented to the visitor: the mist here renders the inert masses of moving and living peaks and mountains.
You can’t wait to get stunned. First there is the physical fatigue of confronting thousands of steps, of constantly climbing endless stone stairs. And then there is also this constant attention that must be paid to the landscapes and the perspectives, that the fog waves constantly modify, letting appear a fleeting peak, a ephemeral shadow, a stealth tree or even a secret wall. Huang Shan is both magical and exhausting: you have to pay your due on the accession of beauty.