THROUGH THE WINDOW
A TRAVERS LA FENÊTRE
Un voyage commence presque toujours par une fenêtre, un encadrement en mouvement qui aspire le regard sur des paysages longtemps imaginés mais encore inconnus. C’est le temps du déplacement, cette sorte de préliminaire de voyage. Parfois, il se prolonge au cours même du voyage, devenant un voyage dans le voyage. Deux semaines à arpenter l’altiplano péruvien, et entre les lieux à rejoindre, le mouvement souple du bus fait dérouler le paysage, pendant des heures et des heures, dans un défilement hypnotique. C’est une succession de non-lieux, de lieux sans nom : ils ne sont pas au programme, nulle part évoqués, c’est comme s’ils n’existaient pas.
J’écarquille les yeux. Je ne veux pas perdre une miette de ces paysages ambrés. Ils me gardent éveillés. J’aime ce mouvement et je m’enivre de l’espace, de la course des nuages et de la courbe des montagnes. Je photographie à travers la fenêtre, des images apparaissent, peut-être même des visions ? De furtives silhouettes s’y invitent parfois, un animal, un panneau, un fil, le reflet de l’intérieur de l’habitacle. C’est éphémère et hasardeux, certaines images sont floues, floues comme le moment où elles naissent, ces moments étirés et léthargiques, où le pays défile à la fenêtre, un temps suspendu entre somnolence et conscience. Une fois le voyage terminé, dans le bouillon des souvenirs, je sais que ce sont ces instants qui me reviendront d’abord en mémoire.
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A journey almost always begins with a window, a frame in movement that aspires the look on landscapes long imagined but still unknown. It’s the time of the move, this kind of travel preliminary. Sometimes it extends itself in the course of the journey, becoming a journey in the journey. Two weeks on the Peruvian altiplano, and between the places to be reached, the flexible movement of the bus makes unfold the landscape, for hours and hours, in a hypnotic parade. It is a succession of nameless placess: they are not on the program, nowhere mentioned, it is as if they did not exist.
I open my eyes. I don’t want to lose any of these amber landscapes. They keep me awake. I love this movement and I get drunk of space, the race of clouds and the curve of mountains. I photograph through the window, images appear, maybe even visions? Stealth silhouettes sometimes invite themselves, an animal, a panel, a thread, the reflection of the interior of the cabin. It is ephemeral and hazardous, some images are blurred, blurred as the moment when they are born, those stretched and lethargic moments, when the country scrolls at the window, a time suspended between somnolence and consciousness. Once the journey is over, in the broth of memories, I know that it is these moments that will first come to mind
A TRAVERS LA FENÊTRE
Un voyage commence presque toujours par une fenêtre, un encadrement en mouvement qui aspire le regard sur des paysages longtemps imaginés mais encore inconnus. C’est le temps du déplacement, cette sorte de préliminaire de voyage. Parfois, il se prolonge au cours même du voyage, devenant un voyage dans le voyage. Deux semaines à arpenter l’altiplano péruvien, et entre les lieux à rejoindre, le mouvement souple du bus fait dérouler le paysage, pendant des heures et des heures, dans un défilement hypnotique. C’est une succession de non-lieux, de lieux sans nom : ils ne sont pas au programme, nulle part évoqués, c’est comme s’ils n’existaient pas.
J’écarquille les yeux. Je ne veux pas perdre une miette de ces paysages ambrés. Ils me gardent éveillés. J’aime ce mouvement et je m’enivre de l’espace, de la course des nuages et de la courbe des montagnes. Je photographie à travers la fenêtre, des images apparaissent, peut-être même des visions ? De furtives silhouettes s’y invitent parfois, un animal, un panneau, un fil, le reflet de l’intérieur de l’habitacle. C’est éphémère et hasardeux, certaines images sont floues, floues comme le moment où elles naissent, ces moments étirés et léthargiques, où le pays défile à la fenêtre, un temps suspendu entre somnolence et conscience. Une fois le voyage terminé, dans le bouillon des souvenirs, je sais que ce sont ces instants qui me reviendront d’abord en mémoire.
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A journey almost always begins with a window, a frame in movement that aspires the look on landscapes long imagined but still unknown. It’s the time of the move, this kind of travel preliminary. Sometimes it extends itself in the course of the journey, becoming a journey in the journey. Two weeks on the Peruvian altiplano, and between the places to be reached, the flexible movement of the bus makes unfold the landscape, for hours and hours, in a hypnotic parade. It is a succession of nameless placess: they are not on the program, nowhere mentioned, it is as if they did not exist.
I open my eyes. I don’t want to lose any of these amber landscapes. They keep me awake. I love this movement and I get drunk of space, the race of clouds and the curve of mountains. I photograph through the window, images appear, maybe even visions? Stealth silhouettes sometimes invite themselves, an animal, a panel, a thread, the reflection of the interior of the cabin. It is ephemeral and hazardous, some images are blurred, blurred as the moment when they are born, those stretched and lethargic moments, when the country scrolls at the window, a time suspended between somnolence and consciousness. Once the journey is over, in the broth of memories, I know that it is these moments that will first come to mind