GUY, CUEILLEUR ET PASSEUR
Où l’on découvre que les madeleines de Proust ne sont pas toujours des pâtisseries, et que le vert des plantes est fait de mille et une nuances.
Une simple balade avec Guy Lalière et on entre dans un autre monde, celui des textures, des odeurs, des goûts et des saveurs du monde végétal. Dans la ripisylve en bas de chez lui, à Perrier, dans le Puy-de-Dôme, cet homme à l’allure de druide cueille en quelques minutes de quoi faire ses repas du jour. Il y a là du lierre terrestre, qui a de nombreuses vertus expectorantes mais qui est surtout très aromatique, à l’odeur légèrement mentholée, et dont Guy se sert pour parfumer ses desserts. Il y a aussi l’épiaire des bois, dont émane une odeur de champignon quand on frotte les feuilles ; de quoi faire une omelette « aux cèpes » quand des amis passent à la maison, sans même qu’ils ne se doutent qu’il n’y a pas un gramme de champignon dedans ! On trouve aussi l’anthrisque des bois, dont les tiges ont un goût de carotte, ou encore la passerage, dont on peut manger les jeunes inflorescences qui ressemblent un peu à du brocoli.
Cette passion des plantes, dont Guy a fait aujourd’hui un métier, c’est à sa grand-mère qu’il la doit. Il se souvient que lorsqu’il était gamin, elle l’emmenait cueillir la porcelle enracinée, une astéracée qui ressemble à un pissenlit (elle l’appelait d’ailleurs le « pissenlit bâtard »), vers Saint-Rémy-sur Durolle, non loin de Thiers. Sa grand-mère faisait cuire la porcelle à l’étouffée puis la faisait revenir à la poêle avec du beurre : cette saveur, c’est la madeleine de Proust de Guy. Petit garçon, il a couru les prés avec son aïeule, cueillant différentes plantes dont il a fini par connaître la saveur et le goût avant même de connaître leur nom. Il a aussi couru les bois, à la recherche des champignons, qu’elle lui a appris à reconnaitre. Jeune adulte, son intérêt pour les plantes continuent de se renforcer, au point d’entreprendre une formation de culture et cueillette de plantes en agriculture biologique. Mais un accident sérieux (un rouleau de luzerne lui tombe sur le dos) vient contrecarrer ses plans. Guy profite alors de son immobilisation forcée pour apprendre de manière boulimique tout ce qui concerne les plantes, dévore tous les livres qui lui passent entre les mains et dès qu’il peut se déplacer, profite de sa convalescence pour aller dans la nature et passer ses journées à essayer d’identifier les plantes qu’il rencontre. La suite le mène à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et à l’École nationale d’Ingénieurs des travaux agricoles (ENITA), où il travaille comme laborantin, sur la flore des estives auvergnates et sur les champignons endophytes des graminées. Certes c’est toujours le monde des plantes, mais cela l’éloigne un peu du terrain.
Fin 1999, une rencontre change le cours de son existence, celle de Pierre Rabhi, qu’il croise en Auvergne et dont il se nourrit des écrits depuis des années. Guy décide de se lancer et de faire ce qu’il veut vraiment faire. Il crée alors, avec d’autres bonnes volontés, l’association Terre d’Oasis et commence à emmener des groupes à la découverte des plantes. Il s’engage aussi dans une formation de naturopathe au Collège de Naturopathie Rénovée, et finit par s’installer à son compte en 2006. L’herboriste anime aujourd’hui des stages autour de la découverte, la cueillette et l’utilisation des plantes sauvages comestibles et médicinales pour des particuliers ou des professionnels, tout en proposant également ses connaissances botaniques à divers commanditaires pour la réalisation d’inventaires et d’expertises.
Une sortie avec ce guide affable au regard doux, c’est bien plus qu’une simple balade. Sa façon de parler calmement, d’une voie rythmée de silences, sa manière d’inviter les gens à s’immiscer dans son univers végétal, tout en bienveillance et sans forcer les choses, et puis son extraordinaire savoir des plantes, tout cela fait que beaucoup le voient comme un passeur. Ce magicien des plantes s’en amuse et avoue ne plus compter les gens qui ont arrêté leur boulot après une sortie avec lui ! De même il reconnait apprécier voir les plus cartésiens d’entre-deux « s’ouvrir » à l’issue d’un stage. « Je leur dit souvent, en préambule, qu’il regarde bien autour d’eux car au retour, dans le vert ils verront des nuances de vert ».
A consulter : www.guylaliere.com
Où l’on découvre que les madeleines de Proust ne sont pas toujours des pâtisseries, et que le vert des plantes est fait de mille et une nuances.
Une simple balade avec Guy Lalière et on entre dans un autre monde, celui des textures, des odeurs, des goûts et des saveurs du monde végétal. Dans la ripisylve en bas de chez lui, à Perrier, dans le Puy-de-Dôme, cet homme à l’allure de druide cueille en quelques minutes de quoi faire ses repas du jour. Il y a là du lierre terrestre, qui a de nombreuses vertus expectorantes mais qui est surtout très aromatique, à l’odeur légèrement mentholée, et dont Guy se sert pour parfumer ses desserts. Il y a aussi l’épiaire des bois, dont émane une odeur de champignon quand on frotte les feuilles ; de quoi faire une omelette « aux cèpes » quand des amis passent à la maison, sans même qu’ils ne se doutent qu’il n’y a pas un gramme de champignon dedans ! On trouve aussi l’anthrisque des bois, dont les tiges ont un goût de carotte, ou encore la passerage, dont on peut manger les jeunes inflorescences qui ressemblent un peu à du brocoli.
Cette passion des plantes, dont Guy a fait aujourd’hui un métier, c’est à sa grand-mère qu’il la doit. Il se souvient que lorsqu’il était gamin, elle l’emmenait cueillir la porcelle enracinée, une astéracée qui ressemble à un pissenlit (elle l’appelait d’ailleurs le « pissenlit bâtard »), vers Saint-Rémy-sur Durolle, non loin de Thiers. Sa grand-mère faisait cuire la porcelle à l’étouffée puis la faisait revenir à la poêle avec du beurre : cette saveur, c’est la madeleine de Proust de Guy. Petit garçon, il a couru les prés avec son aïeule, cueillant différentes plantes dont il a fini par connaître la saveur et le goût avant même de connaître leur nom. Il a aussi couru les bois, à la recherche des champignons, qu’elle lui a appris à reconnaitre. Jeune adulte, son intérêt pour les plantes continuent de se renforcer, au point d’entreprendre une formation de culture et cueillette de plantes en agriculture biologique. Mais un accident sérieux (un rouleau de luzerne lui tombe sur le dos) vient contrecarrer ses plans. Guy profite alors de son immobilisation forcée pour apprendre de manière boulimique tout ce qui concerne les plantes, dévore tous les livres qui lui passent entre les mains et dès qu’il peut se déplacer, profite de sa convalescence pour aller dans la nature et passer ses journées à essayer d’identifier les plantes qu’il rencontre. La suite le mène à l’Institut national de la recherche agronomique (INRA) et à l’École nationale d’Ingénieurs des travaux agricoles (ENITA), où il travaille comme laborantin, sur la flore des estives auvergnates et sur les champignons endophytes des graminées. Certes c’est toujours le monde des plantes, mais cela l’éloigne un peu du terrain.
Fin 1999, une rencontre change le cours de son existence, celle de Pierre Rabhi, qu’il croise en Auvergne et dont il se nourrit des écrits depuis des années. Guy décide de se lancer et de faire ce qu’il veut vraiment faire. Il crée alors, avec d’autres bonnes volontés, l’association Terre d’Oasis et commence à emmener des groupes à la découverte des plantes. Il s’engage aussi dans une formation de naturopathe au Collège de Naturopathie Rénovée, et finit par s’installer à son compte en 2006. L’herboriste anime aujourd’hui des stages autour de la découverte, la cueillette et l’utilisation des plantes sauvages comestibles et médicinales pour des particuliers ou des professionnels, tout en proposant également ses connaissances botaniques à divers commanditaires pour la réalisation d’inventaires et d’expertises.
Une sortie avec ce guide affable au regard doux, c’est bien plus qu’une simple balade. Sa façon de parler calmement, d’une voie rythmée de silences, sa manière d’inviter les gens à s’immiscer dans son univers végétal, tout en bienveillance et sans forcer les choses, et puis son extraordinaire savoir des plantes, tout cela fait que beaucoup le voient comme un passeur. Ce magicien des plantes s’en amuse et avoue ne plus compter les gens qui ont arrêté leur boulot après une sortie avec lui ! De même il reconnait apprécier voir les plus cartésiens d’entre-deux « s’ouvrir » à l’issue d’un stage. « Je leur dit souvent, en préambule, qu’il regarde bien autour d’eux car au retour, dans le vert ils verront des nuances de vert ».
A consulter : www.guylaliere.com